L’insupportable légèreté de l’être

     Le rêve des pauvres, c’est de trouver des trésors, comme ça, par pure hasard et par bonté de la Providence. De s’enrichir, sans beaucoup d’efforts, comme naguère, les chercheurs d’or rêvaient, les yeux ouverts, aux prochaines dépenses de leurs vie pépère, avant qu’ils aient trouvé le moindre grain du métal doré. De ramasser ces trésors, à plein mains, comme s’ils cueillissaient des pauvres fleurs sauvages des champs. Le rêve des pirates ressemble à celui des pauvres. Ils osent fouler la lois des gens, sortir de l’ordre d’une vie paisible et ordonnée, pour satisfaire à ce phantasme de l’aventure et de la richesse qui est tellement enraciné dans l’âme vide de l’homme que rien ne pourrait l’assouvir, ni le chasser. J’en garderai seulement l’aventure qui exprime très bien mon désir de liberté et ma vive curiosité à connaître et à voir le monde, les gens…

     Trésor, fleur, cette légèreté (insupportable) de l’être….
     Oui, je sais, Milan Kundera dit insoutenable…
     A quoi bon ramasser? A quoi sert de faire fortune?

     On a remplacé la quête de l’amour et de l’idéal, par la quête de l’Argent. Il semble que ce dernier nous donne le pouvoir de faire ce qu’on veut, d’aller où l’on veut, de donner des ordres à qui l’on veut, d’être écoutés par nos semblales et d’obtenir une soumission, même circonstancielle, qui caresse notre orgueuil – gonflé comme la grenouille de La Fontaine aux illusions de l’argent…C’est se dissiper à tout hasard sans compter le peu de temps qui nous reste à faire bien et profondément les choses…
     On se dissipe en dehors, en se soumettant aux impératifs du moment: besoins primaires, vanités passagères, désirs enfantins, vite oubliés une fois tournée la tête vers autre chose…
     Où se trouve le coeur de l’être dans tout cet épanchement vers l’extérieur? Il se verse, comme une bouteille pleine dans les récipients périssables. Je ne saurais le répéter à l’infini: IL SE DISSIPE, SANS AUCUN ECARTELEMENT INTERIEUR….Elle se casse en mille bribes, en s’éparpillant dans ce millieu environnant…
     Comment rempalcer cette quête de l’extérieur avec une quête dirigée vers soi-même, vers la découverte de notre être? Il faut d’abord nous valoriser et croire en ce que l'on est et ce que l'on est à même d’oeuvrer.
     Pour ce faire, on a besoin de remplir notre vide intérieur.